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Ambivalences/Controverses Organisation de la résistance

“Drenović a trahi Šolaja” : Partisans contre “Tchetniks”

Au matin du 27 février 1942, un groupe de courriers partisans descendit dans le canyon pittoresque de la rivière Vrbas, où ils rejoignirent le l’état-major régional des Partisans qui avait été formé récemment. Il était toujours en réunion. Les courriers racontèrent à tout le monde que “Drenović avait trahi Šolaja”. Cette nouvelle provoqua consternation et inquiétude.

Qui étaient ces deux hommes ? Uroš Drenović était un enseignant du village de Sitnica (situé au sud de Banja Luka). Simo Šolaja était un travailleur forestier du village de Pljeva, situé plus au sud. En 1941, ils furent tous deux les ardents organisateurs du soulèvement contre les Oustachis dans leurs régions respectives. Le premier commandait le bataillon “Kočić” (nommé ainsi d’après l’écrivain Petar Kočić), tandis que le second était à la tête du bataillon “Iskra” (étincelle). Ces deux bataillons rejoignirent officiellement le même détachement partisan, organisé par les communistes dans leur tentative de coordonner, mais également de diriger le soulèvement massif dans la région.

Šolaja était membre de l’”Association des Tchetniks”, une organisation paramilitaire nationaliste serbe d’avant-guerre. Il porta leur insigne, l’aigle à deux têtes, même après que de nombreux combattants de son bataillon sous l’influence communiste acceptèrent de porter le pentagramme rouge. Mais alors que Šolaja resta fidèle au front uni contre les forces de l’occupation, Drenović transforma son bataillon en un bataillon “tchetnik”, puis le sépara du commandement des Partisans.

Dès les débuts de la résistance, en 1941, le terme “Tchetnik” était utilisé par presque tous les groupes de guérilla serbes qui se déclaraient loyaux vis-à-vis du gouvernement royal yougoslave en exil. Deux centres importants virent le jour : l’un en Serbie occidentale autour du colonel Dragoljub Mihailović (bientôt le chef nominal de tous les “Tchetniks”), et un autre en Dalmatie autour de Momčilo Đujić. Mais au fur et à mesure que leur rivalité avec les communistes se transformait en hostilité ouverte, ils cherchèrent le soutien des pouvoirs de l’Axe. Les Allemands refusèrent de travailler directement avec Mihailović, limitant leurs contacts aux unités “légalisées” par le gouvernement collaborationniste en Serbie , mais les Italiens adoptèrent rapidement le mouvement dans son intégralité en tant qu’alliés contre les Partisans.

En janvier 1942, Drenović était déjà en contact avec le quartier général supérieur des Tchetniks. En février, lors de l’attaque conjointe prévue contre la ville de Mrkonjić Grad, au lieu de se battre contre les troupes italiennes, Drenović les laissa passer à travers ses positions, et les Italiens purent ainsi déborder et attaquer les Partisans. Šolaja y laissa presque la vie. Quand il retourna à sa base, Šolaja, fou de rage par la traitrise de son ancien compagnon d’armes, arracha l’aigle de sa casquette et y fit coudre une étoile rouge. Les communistes furent soulagés que Šolaja ait définitivement choisi leur camp. La lutte dramatique entre Partisans et “Tchetniks” ne faisait que commencer.  

Vladan Vukliš

Sources
  • Kosta Nađ, Ratne uspomene: četrdesetdruga (Zagreb: CKD SSO, 1979).
  • Dušan Lukač, “Četnička izdaja u Bosanskoj krajini 1941. i u prvoj polovini 1942. godine”, in: Zbornik krajiških muzeja 1 (1962): pp. 245–289.
Pour en savoir plus
  • Jozo Tomasevich, War and Revolution in Yugoslavia, 1941–1945: Occupation and Collaboration (Stanford University Press, 2002).
Video

Chant de guerre sur Simo Šolaja menant son peuple contre “les traitres”, les commandants tchetniks Drenović et Tešanović, et son décès à l’été 1942. (Interprétation par Nada Mamula, 1976, “Po Bosni se podignula raja”)

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