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Irène Giron et la presse de la Résistance

En juillet 1951, le haut-commissaire français en Allemagne, André François-Poncet propose Irène Giron à la nomination comme Chevalier de la Légion d’honneur au titre de la Résistance.

Agée de 40 ans, responsable depuis 1945, aux côtés de Raymond Schmittlein, de la dénazification et de la démocratisation de l’Allemagne par la culture et l’éducation, elle fonda en mai 1941 l’édition d’Alger du journal Combat. Au sein du mouvement éponyme, dirigé en Algérie par René Capitant, soutenant le général de Gaulle pour prendre pied en Afrique du Nord, elle était chargée de la propagande. C’est alors la principale activité de la Résistance face à l’Allemagne nazie et au régime de Vichy.

Née à Hambourg en 1910 d’une mère allemande et d’un père anglais, Irene Roman, traductrice et interprète diplômée, quitte l’Allemagne nazie en 1937 par solidarité avec sa mère et son beau-père – un Juif allemand menacé par les persécutions antisémites. En Afrique du Sud, elle travaille comme journaliste pour deux revues. A l’automne 1939, elle rejoint en France son fiancé, Charles Giron, et travaille comme traductrice pour le gouvernement. Elle démissionne symboliquement le jour de l’armistice, le 22 juin 1940. Britannique, Irène devient française par mariage et le couple rejoint à l’été le groupe de Résistance Les Petites Ailes dans le Massif central. Elle s’occupe du journal clandestin éponyme, ancêtre de Combat, journal du mouvement dirigé par Henri Frenay.

Recherchés par la Gestapo, les Giron sont exfiltrés vers Alger, pour y établir une branche locale de Combat (mouvement et journal). Irène prend en charge l’édition, l’impression et la diffusion de Combat, édition d’Alger. Cette feuille d’abord manuscrite plus tard imprimée et hebdomadaire est longtemps clandestine, même après le débarquement anglo-américain en Afrique du Nord le 8 novembre 1942. L’objectif est la libération de la France, « non seulement de l’envahisseur, mais aussi des tyrans qui ont usurpé le pouvoir à la faveur de la défaite et s’y maintiennent avec l’appui de l’ennemi » (éditorial, 1.12.42). Dans la lutte opposant Giraud et De Gaulle pour prendre la tête du mouvement de libération en Afrique du Nord, Combat est la meilleure arme des gaullistes. A Alger, à partir de novembre 1943, Irène devient attachée de presse du Commissariat à l’Éducation nationale dirigé par Capitant au sein du Commissariat français de la Libération nationale dont De Gaulle a pris la tête.

Irène Giron, déjà décorée de la médaille de la Résistance, est nommée chevalier de la légion d’honneur en 1952. Elle fait partie des très rares femmes dont le rôle a été officiellement reconnu (8,5% des décorés pour fait de résistance). En 2023, son nom a été donné à la place devant l’Université Johannes Gutenberg de Mayence qu’elle a contribué à créer avec Raymond Schmittlein en 1946.

Corine Defrance

Sources / Pour en savoir plus
  • Hedwig Brüchert, « Irène Giron » in : Hedwig Brüchert (ed.), Rheinland-Pfälzerinnen. Frauen in Politik, Gesellschaft, Wirtschaft und Kultur in den Anfangsjahren des Landes Rheinland-Pfalz , Mainz 2001, 157-160.
  • Corine Defrance, « Raymond Schmittlein and Irène Giron: Two crossed trajectories in the French Resistance », in: Wer ist Walter? International Perspectives on Resistance in Europe during World War II , ed. Elma Hašimbegović, Nicolas Moll and Ivo Pejaković, Sarajevo 2024

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