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Victor Laszlo

Victor Laszlo est un paradoxe : il est probablement le plus célèbre résistant anti-nazi, mais en tant que produit d’Hollywood, il est une pure invention. En effet, le film « Casablanca » de 1942 a créé avec Victor Laszlo un personnage qui n’a jamais existé – le chef transnational de la résistance européenne contre le nazisme et le fascisme. Le film culte met en scène Victor Laszlo (joué par Paul Henreid), idéaliste et bienveillant, contre trois antipodes masculins : le cynique propriétaire de bar américain Rick Blaine (Humphrey Bogart), l’opportuniste chef de la police française Louis Renault (Claude Rains) et l’enquêteur nazi sans scrupules Major Strasser (Conrad Veidt). Laszlo, accompagné de sa belle épouse Ilsa Lund (Ingrid Bergman), une ancienne maîtresse de Rick Blaine, atterrit à Casablanca lors de sa fuite devant les nazis. Alors que les nazis et leurs sbires français veulent mettre fin à sa fuite à Casablanca, seul Rick peut le sauver, car il est en possession de visas de sortie qui garantiraient à Laszlo et Ilsa la fuite vers l’Amérique. Rick hésite cependant à aider le résistant qui, à ses yeux, lui a pris le grand amour de sa vie.
Victor Laszlo est présenté dans le film comme la pierre angulaire irremplaçable de tout le mouvement de résistance européen : il connaît et coordonne les leaders des mouvements antifascistes à Paris, à Rome, à Prague, à Oslo et même à Berlin. Si les nazis mettaient la main sur Victor Laszlo, ils auraient en main la clé pour briser définitivement toute la résistance. Laszlo est pourtant d’une ténacité légendaire, car nous apprenons au cours du film qu’il s’est échappé deux fois d’un camp de concentration, qu’il était presque mourant lorsqu’il a été sauvé par Ilsa, mais qu’il est parvenu à s’enfuir à travers l’Afrique du Nord française jusqu’à Casablanca.
Mais Victor Laszlo est plus qu’un simple organisateur et leader politique d’un mouvement, il est une autorité morale et incarne la résistance comme une attitude éthique. Pour lui, la résistance consiste à dépasser les limites de son propre ego, à faire abstraction des intérêts personnels et du bien-être matériel pour défendre des valeurs humaines universelles. « Si nous arrêtions de combattre nos ennemis, ce serait la fin du monde », dit Laszlo à Rick. Grâce à son intégrité sans compromis, il pousse le propriétaire fatigué du casino à surmonter son inaccessibilité, à assumer une responsabilité morale, à sacrifier son amour pour Ilsa et à tuer le major Strasser pour permettre à Laszlo et Ilsa de s’échapper de Casablanca. Et le chef de la police Renault, joyeusement insouciant, change lui aussi de camp, en passant de la France de Vichy qui collabore à la résistance. Tous les citoyens qui, en 1942, sont encore inconscients ou indécis en ce qui concerne la lutte contre le nazisme et le fascisme devraient, c’est le message du film, suivre l’exemple de Laszlo et choisir la résistance comme attitude morale.

 

Matthias Waechter

Source / Vidéo
Pour en savoir plus
  • Aljean Harmetz, The Making of Casablanca. Bogart, Bergman, and World War II, London 2002.

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