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Aide et sauvetage Résistance armée

Nurija Pozderac : sauveteur et partisan

Nurija Pozderac était un citoyen important de Cazin, une petite ville près de Bihać, dans le nord-ouest de la Bosnie. Né en 1892, il fit ses études à Bihać et à Sarajevo, devint enseignant et joua un rôle important dans la vie politique de la région de Bihać après la Première Guerre mondiale : il rejoignit l’Organisation Musulmane Yougoslave et devint membre de l’Assemblée parlementaire du Royaume de Yougoslavie, en tant que représentant de la région de Cazin.
Après l’attaque de l’Allemagne contre la Yougoslavie et la création de l’”État Indépendant de Croatie” fasciste en avril 1941, le nouveau régime chercha des soutiens pour établir son pouvoir. Le dirigeant oustacha à Bihać, Ljubomir Kvaternik, savait qu’il devait gagner les faveurs des personnalités locales, notamment Abdulah Ibrahimpašić à Bihać et Nurija Pozderac à Cazin. Comme Ibrahimpašić s’était déjà opposé à Kvaternik antérieurement, il se rendit à Cazin à l’été 1941 pour parler à Pozderac. Cependant, Pozderac refusa catégoriquement toute rencontre avec Kvaternik et rejeta une coopération avec les autorités oustachies.
La persécution des Juifs et des Serbes commença à Bihać en juin 1941. La plupart des Juifs locaux se retrouvèrent dans un camp près de Bosanski Petrovac, dans le village de Bukovača. Toutefois, un nombre significatif choisit d’aller à Cazin, qui située à tout juste trente kilomètres de Bihać. La plupart d’eux espéraient que Nurija Pozderac les sauverait, en raison de sa réputation et du soutien dont il bénéficiait dans la population locale, comme il l’avait déjà fait des mois plus tôt lorsqu’il chassa un groupe d’Oustachis qui était venu pour tuer des Serbes locaux. Nurija et Delveta sauvèrent plusieurs dizaines de Juifs.
Lorsque les Partisans libérèrent Bihać fin 1942, Nurija les rejoignit. Il participa aussi à la première session du Conseil antifasciste de libération du peuple de la Yougoslavie (AVNOJ), qui se tint les 26 et 27 novembre à Bihać. Lors de cette session, il fut élu vice-président du conseil exécutif de l’AVNOJ. Lorsque l’offensive germano-oustachie contre la République de Bihać commença à la fin du mois de janvier 1943, Nurija quitta la ville avec les Partisans. Il participa à la Bataille de la Neretva [link to story 44] qui débuta en mars 1943 et s’engagea également dans la Bataille de Sutjeska où il fut blessé le 8 juin 1943. Quelques jours plus tard, le 12 juin 1943, il succomba à ses blessures. Sa femme Delveta, restée à Cazin, fut bientot arrêtée, et les Oustachis l’emmenèrent au camp de Bosanski Novi, puis à Gradiška. Elle fut sauvée grâce à l’intervention de Josip Broz Tito, qui l’échangea contre un officier allemand capturé.
Nurija Pozderac reçut à titre posthume l’Ordre de la libération populaire de Yougoslavie, et le Mémorial de Yad Vashem décerna au couple le prix des “Justes parmi les Nations en 2012 pour avoir sauvé un groupe de Juifs qui s’était échappé d’un transport vers le camp de Jasenovac.

 

Dino Dupanović

Sources / Pour en savoir plus
  • Kecman, Vlado, Nurija Pozderac, NIŠRO Oslobođenje i Vaso Pelagić, Sarajevo-Gradačac, 1987.
  • Bihać u novijoj istoriji I, Institut za istoriju u Banja Luci, Banja Luka, 1987.
  • Zlatko Hasanbegović, Jugoslavenska muslimanska organizacija 1929.-1941. (u ratu i revoluciji 1941.-1945.) , Bošnjačka nacionalna zajednica za Grad Zagreb i Zagrebačku županiju – Institut društvenih znanosti Ivo Pilar- Medžlis Islamske zajednice, Zagreb, 2012.
  • https://balkans.aljazeera.net/teme/2017/1/25/kako-je-porodica-pozderac-spasavala-jevreje-i-srbe

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