Dans cette section, vous trouverez des informations de base sur la montée du fascisme en Europe dans les années 1930, l’occupation de l’Europe par l’Allemagne nazie et ses partenaires de l’Axe pendant la Seconde Guerre mondiale, et le développement de la résistance contre le nazisme, le fascisme, l’occupation et la collaboration en Europe, et plus particulièrement en Bosnie-Herzégovine, en Croatie, en France et en Allemagne, ainsi que sur la mémoire de cette résistance après 1945.
Le développement du fascisme et du nazisme en Europe
Vojo Dimitrijević, “Le règne du fascisme”, 1939. Le peintre Vojo Dimitrijević (1910-1980), l’un des artistes les plus importants de la Bosnie-Herzégovine moderne, a connu la montée du fascisme en Europe dans les années 1930 alors qu’il vivait à Sarajevo, Belgrade et Paris. En 1939, avec d’autres artistes de gauche, il fonde à Sarajevo le mouvement antifasciste Collegium Artisticum. (Musée d’histoire de Bosnie-Herzégovine, collection Arts)
Le nazisme constitue la forme la plus violente du nationalisme fasciste, qui s’est développé dans différentes régions d’Europe dans les années 1920 et 1930. Exploitant les inquiétudes économiques de la population, les mouvements fascistes désignent les Juifs, les immigrés, les gauchistes et d’autres groupes comme boucs émissaires pour tous les problèmes existants. Le parti national-socialiste dirigé par Adolf Hitler prend le pouvoir en 1933 en Allemagne, où il abolit tous les droits démocratiques et réprime violemment les opposants. En concluant une alliance avec l’Italie fasciste de Benito Mussolini, l’Allemagne nazie gagne de plus en plus d’influence en Europe. La guerre civile espagnole de 1936 à 1939 marque une nouvelle étape dans la progression du fascisme : avec le soutien d’Hitler et de Mussolini, les nationalistes de Franco attaquent et finalement battent la République espagnole. Craignant une nouvelle guerre européenne, la France et le Royaume-Uni tentent d’apaiser les puissances fascistes au lieu de s’y opposer.
L'occupation de l'Europe pendant la Seconde Guerre mondiale
L’Europe à l’apogée de la domination de l’Axe, 1942. (Goran tek-en, CC BY-SA 4.0 <https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0>, via Wikimedia Commons)
Cherchant à asseoir sa domination sur l’ensemble de l’Europe, l’Allemagne nazie attaque et occupe la Pologne en 1939, puis le Danemark, la Norvège, les Pays-Bas, la Belgique et la France en 1940. Le plan d’invasion de la Grande-Bretagne à l’été 1940 échoue ; sous l’impulsion de Winston Churchill, le Royaume-Uni reste à ce moment le seul pays non occupé d’Europe à s’opposer à l’Allemagne nazie. Au printemps 1941 suivent les attaques contre la Yougoslavie et la Grèce, et en juin 1941 contre l’Union soviétique. Fin 1941, l’Allemagne nazie et ses alliés contrôlent la majeure partie de l’Europe.
Dans plusieurs pays occupés, l’Allemagne nazie met en place des régimes de collaboration, par exemple le régime de Vichy en France, l' »État indépendant de Croatie » dirigé par Ante Pavelić, ou celui de Norvège, dirigé par Vidkun Quisling. « Quisling » devient rapidement un synonyme de collaborateur et de traître, utilisé par les Alliés et dans les mouvements de résistance dans toute l’Europe.
Les occupants et les régimes de collaboration persécutent les personnes considérées comme inférieures ou « indésirables » ainsi que les opposants réels ou supposés. La répression la plus brutale a lieu à l’Est : L’idéologie nazie considère les peuples slaves comme une race inférieure et de grandes parties de ce territoire comme le futur « Lebensraum » (espace vital) du peuple allemand. Des camps sont créés dans toute l’Europe, où des millions de personnes sont emprisonnées, maltraitées et assassinées. En 1941, l’extermination systématique des Juifs, ainsi que des Roms et des Sinti, commence dans toute l’Europe. L’occupation est également synonyme d’exploitation économique, par exemple en utilisant des millions de travailleurs forcés des pays occupés pour soutenir l’effort de guerre allemand.
Comment réagir ? Attitudes à l'égard du nazisme et de l'occupation
“Pour la liberté du Danemark – écraser le nazisme”, affiche du mouvement de résistance danois pendant la Seconde Guerre mondiale (Musée de la Résistance danoise 1940-1945).
La guerre et l’occupation obligent chacun à faire face à une nouvelle réalité. Beaucoup s’adaptent et essayent de vivre au mieux leur vie, certains soutiennent et collaborent directement avec l’occupant, et d’autres entrent en résistance. Souvent, les frontières entre l’accommodement, la collaboration et la résistance sont fluides : certains pouvaient par exemple, d’abord être passifs et ensuite choisir de résister, ou ils pouvaient d’abord collaborer et ensuite résister ou vice-versa, ils pouvaient aussi, parfois, faire les deux à la fois.
Des activités de résistance se développent dans tous les pays d’Europe, et elles démarrent le plus souvent lentement et mobilisent très peu de personnes. Il existe un large éventail modes de résistance, allant de formes non violentes à des formes de résistance armées. Certains mènent une vie apparemment normale et agissent en secret, d’autres entrent dans la clandestinité, d’autres encore s’exilent et tentent d’organiser et de soutenir la résistance de l’extérieur. Ces activités de résistance sont menées par des femmes et des hommes, des jeunes et des plus âgés, des ressortissants locaux et des étrangers, de toutes professions, de toutes religions (catholiques, protestants, orthodoxes, juifs, musulmans, athées) et de toutes orientations politiques (communistes, socialistes, sociaux-démocrates, centristes, conservateurs, apolitiques). Certains agissent parce qu’ils refusent l’occupation étrangère, d’autres parce qu’ils rejettent l’idéologie fasciste, d’autres parce qu’ils sont personnellement menacés, et d’autres encore pour toutes ces raisons à la fois.
Au fil du temps, les groupes de résistance se structurent et attirent de plus en plus de personnes. Pour les communistes de tous les pays, l’attaque de l’Union soviétique en juin 1941, marque le moment décisif pour entrer en résistance. La montée des mouvements de résistance est aussi directement influencée par les succès militaires croissants de l’Union soviétique, des États-Unis et du Royaume-Uni contre l’Allemagne nazie, à partir de 1942-1943. Le gouvernement britannique et les autres alliés soutiennent également les mouvements de résistance des différents pays occupés, même si les relations ont souvent été compliquées.
Résister est un choix dangereux et risqué, car les résistants ou ceux qui les aident sont pourchassés par les forces d’occupation et leurs collaborateurs, et ceux qui sont pris sont souvent torturés, déportés dans des camps ou exécutés. Les occupants et leurs collaborateurs ont recours à une répression brutale contre les activités de résistance, et cela comprend aussi des représailles contre la population civile après des attaques contre des soldats allemands.
Occupation et résistance en Bosnia and Herzegovina and Croatia: Informations de base
Occupation et partition de la Yougoslavie par l’Axe pendant la Seconde Guerre mondiale (à partir de 1941). La ligne grise à l’intérieur de l’État indépendant de Croatie représente la ligne de démarcation entre la zone d’occupation allemande (au nord) et la zone italienne. (Source : wikimedia commons, domaine public)
Le Royaume de Yougoslavie est créé en 1918 par l’unification de la Serbie, du Monténégro, et de certaines parties de la monarchie austro-hongroise effondrée, qui comprennent la Croatie et la Bosnie-Herzégovine. Il s’appelle à l’origine le Royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes, et il est dirigé par la dynastie serbe des Karađorđević en tant qu’État centralisé. Cette situation engendre de nombreux conflits, notamment avec les partis politiques croates qui souhaitent une organisation fédérale de l’État.
La Yougoslavie regroupe de nombreuses religions et ethnies, la Bosnie-Herzégovine étant le territoire le plus diversifié, avec une population de 2,2 millions d’habitants, principalement composée de Serbes orthodoxes, de Musulmans, de Croates catholiques, ainsi que de Juifs et d’autres communautés. La Croatie compte environ 3,8 millions d’habitants, en majorité des Croates et environ 17 % de Serbes.
En avril 1941, le Royaume de Yougoslavie est attaqué par l’Allemagne nazie et ses alliés – l’Italie, la Hongrie et la Bulgarie. L’armée royale yougoslave est vaincue en moins de deux semaines. Le gouvernement et le jeune roi Pierre fuient le pays et vivent en exil, à Londres et au Caire, pendant toute la durée de la guerre.
La Yougoslavie est alors occupée et divisée : la plus grande partie devient l' »État indépendant de Croatie » (Nezavisna Država Hrvatska / NDH), qui comprend la majeure partie de la Croatie ainsi que la Bosnie et l’Herzégovine. L’Allemagne occupe militairement une moitié du territoire, et l’Italie l’autre moitié, jusqu’à sa capitulation en 1943, date à laquelle les troupes allemandes occupent la totalité du territoire.
Le NDH est un protectorat germano-italien gouverné par le mouvement fasciste Oustacha, dont le leader, Ante Pavelić, est le chef d’État. L’objectif de l’Oustacha est de créer un État croate homogène, incluant les musulmans, considérés comme Croates de confession islamique. Immédiatement après la création du NDH, une campagne de violence massive contre les Serbes, les Juifs et les Roms débute et les opposants politiques sont persécutés.
Cette politique de terreur entraîne de vives contre-réactions et une guerre complexe se développe rapidement, non seulement entre les occupants et les occupés, mais aussi entre les forces locales, qui oscillent entre collaboration et résistance. Les principaux protagonistes sont l’Oustacha et la Garde intérieure (les deux forces militaires du NDH), les Partisans dirigés par les communistes, les Tchetniks royalistes serbes et les milices musulmanes. Les frontières entre les différentes forces locales ne sont souvent pas très clairement définies, les groupes s’infiltrant les uns les autres et il arrive aussi que des personnes changent de camp. Les lignes de fractures traversent souvent une même famille, avec des conséquences dramatiques.
Durant les quatre années de la guerre, les Partisans yougoslaves, dirigés par les communistes, deviennent le mouvement de résistance antifasciste le plus important de l’Europe occupée, et le territoire du NDH, en particulier la Bosnie-Herzégovine, devient l’épicentre de sa lutte militaire et politique. Les unités de guérilla initiales se transforment progressivement en une armée régulière, qui compte 800 000 soldats en 1945. Le mouvement des Partisans attire aussi de nombreux non-communistes, ainsi que des membres de tous les groupes ethniques et religieux, et de nombreuses femmes, y compris dans des unités de combat. Leurs principaux adversaires sont les occupants allemands et italiens, l’Oustacha, ainsoi que les Tchetniks. Ces derniers entament la guerre en tant que force anti-occupation et cooperent parfois, au début, avec les Partisans, mais ils collaborent petit à petit et de plus en plus avec les forces d’occupation et du NDH, contre les Partisans qu’ils considèrent bientôt comme leur principal ennemi.
Alors que les pays européens occupés par les nazis sont principalement libérés en 1944/1945 de l’extérieur, par les troupes des Alliés dirigées par le Royaume-Uni, les États-Unis et l’Union soviétique, la majeure partie de la Yougoslavie est libérée de l’intérieur par le mouvement des Partisans. Les bases d’un nouvel État yougoslave sont déjà posées par le mouvement pendant la guerre. Après la victoire militaire, la monarchie est officiellement abolie et la République fédérale populaire de Yougoslavie est créée, sous la direction du parti communiste, et composée de six républiques, dont la Croatie et la Bosnie et de l’Herzégovine.
Occupation et résistance en France : Informations de base
Zones d’occupation en France pendant la Seconde Guerre mondiale (Source : wikimedia commons © Eric Gabe, CC BY-SA 4.0)
La France est attaquée par l’Allemagne nazie un an avant la Yougoslavie, en mai 1940. Elle subit également, en quelques semaines, une défaite écrasante et signe un armistice dicté par l’Allemagne en juin de la même année. Comme en Yougoslavie, le territoire français est alors divisé : dans l’est de la France, l’Alsace et une partie de la Lorraine sont annexées, tandis que la moitié nord de la France et la côte atlantique jusqu’à la frontière espagnole sont occupées par l’armée allemande. Ce n’est pas le cas de la moitié sud, appelée zone libre jusqu’en novembre 1942, date à laquelle, en réponse au débarquement des Alliés en Afrique du Nord, les troupes allemandes occupent également cette partie. Par ailleurs, il existe aussi une zone d’occupation italienne, dans le sud-est de la France, que l’Allemagne reprendra après la capitulation de l’Italie à l’automne 1943.
À l’instar du NDH, un nouveau régime est également instauré en France à l’été 1940 : l’État français, qui abolit la République et dont le siège se trouve à Vichy, dans le centre de la France. La France de Vichy est, tout comme le NDH, un État vassal de l’Allemagne, qui s’engage de plus en plus dans une collaboration active, mais deux différences importantes sont à noter. Tout d’abord, contrairement à Ante Pavelić dans le NDH, Philippe Pétain, chef du nouvel État, est immensément populaire. En tant que vainqueur de la bataille de Verdun en 1916 contre l’armée allemande, il est une véritable légende de la Première Guerre mondiale, et de nombreux Français pensent au départ qu’il défendra leurs intérêts contre l’Allemagne. Deuxièmement, bien qu’il existe des groupes fascistes de plus en plus influents au sein du régime de Vichy, par exemple la Milice fondée en 1943 pour écraser la résistance, Vichy est plutôt un État national-conservateur et autoritaire. En outre, le régime n’a pas immédiatement recours à une politique de terreur ouverte contre une partie de sa propre population. Les mesures antisémites sont mis en place progressivement, jusqu’aux déportations des Juifs organisées à partir de 1942.
Les activités de résistance en France commencent lentement et, au début, empruntent différent voies. De petits groupes se forment d’une part dans la zone occupée par les Allemands et d’autre part dans la zone dite « libre » contrôlée par le régime de Vichy, mais ils n’ont que peu de contacts entre eux. À cela s’ajoute la résistance en exil menée par Charles de Gaulle, qui proclame la « France libre » depuis Londres en juin 1940. En 1941 et 1942, les groupes en France meme deviennent plus structurés, et les Forces françaises libres, dirigées par de Gaulle, commencent à s’engager dans des activités de combat en Afrique, avec le soutien du Royaume-Uni et des États-Unis. La fragmentation en de multiples mouvements est l’une des principales faiblesses de la résistance française, mais, en 1943, après de multiples efforts, la plupart des groupes de résistance acceptent la direction du général de Gaulle et le Conseil National de la Résistance (CNR) est constitué en tant qu’instance centrale de coordination entre eux. De plus, après la libération de l’Afrique du Nord, le Comité Français de la Libération Nationale (CFLN) est créé à Alger et reconnu par les Alliés comme représentant de la France libre.
L’attaque de l’Union soviétique par l’Allemagne nazie en juin 1941 – à la suite de laquelle le Parti communiste français devient l’un des éléments les plus actifs de la résistance française – et, en février 1943, le lancement officiel, par le régime de Vichy, du Service du travail obligatoire (STO) qui vise à envoyer les jeunes hommes travailler dans les usines en Allemagne, constituent également des étapes importantes dans le développement de la résistance en France. De nombreux jeunes hommes se cachent et certains d’entre eux rejoignent des groupes de résistance afin d’éviter le départ forcé vers l’Allemagne.
Avec le débarquement des Alliés en Normandie en juin 1944 commence la libération de la France. Les Forces françaises libres, dirigées par le général de Gaulle, participent aux opérations militaires et sont les premières à entrer dans un Paris libéré en août 1944. Les mouvements de résistance intérieure prennent part également activement au processus de libération. Cependant, il ne fait aucun doute que la libération de la France n’aurait pas été possible sans les troupes britanniques et américaines.
En août 1944, le CFNL devient le Gouvernement provisoire de la République française, dirigé par Charles de Gaulle. Il déclare nulles et non avenues les lois du régime de Vichy, rétablit la législation républicaine sur le territoire métropolitain français et engage diverses réformes politiques et sociales.
Le régime nazi et la résistance en Allemagne : Informations de base
Rassemblement de masse à Hambourg lors d’une visite d’Adolf Hitler, 13 juin 1936. Parmi toutes les personnes qui font le salut nazi, un homme reste les bras croisés. Cet homme n’a pas été identifié avec certitude par la suite, son nom pourrait être August Landesser ou Gustav Wegert. (Source : arastiralim.net, Public domain, via Wikimedia Commons https://commons.wikimedia.org/wiki/File:August-Landmesser-Almanya-1936.jpg )
Le contexte en Allemagne est très différent de celui de la Yougoslavie ou de la France. L’Allemagne n’est pas un pays attaqué et occupé par un État étranger, mais c’est le pays dans lequel le parti nazi a pris le pouvoir en 1933, puis a envahi et occupé une grande partie de l’Europe pendant la Seconde Guerre mondiale. La politique d’occupation est appliquée partout par la force, généralement avec encore plus de violence en Europe de l’Est qu’à l’Ouest. Dans les pays envahis et occupés, l’Allemagne nazie met souvent en place des régimes collaborateurs, comme l’État indépendant de Croatie ou le régime de Vichy, afin de préserver ses propres forces.
En ce qui concerne la situation en Allemagne, Hitler est légalement nommé chancelier du Reich le 31 janvier 1933, et beaucoup pensent qu’il ne restera pas longtemps au pouvoir. Cependant, les dirigeants nazis profitent de l’incendie du Reichstag en février 1933 pour restreindre drastiquement les droits civiques et arrêter massivement les opposants politiques. Dans ce climat de terreur, la majorité du parlement vote le 23 mars les pleins pouvoirs au gouvernement dans le cadre du Ermächtigungsgesetz (loi d’habilitation). Tous les députés communistes ont déjà été arrêtés à ce moment-là, seuls les députés sociaux-démocrates présents votent contre la loi.
L’Allemagne se transforme en une dictature qui s’étend de plus en plus à tous les niveaux de la société et de la vie quotidienne. Grâce à la propagande et à la terreur, aux mesures de politique économique, aux succès de la politique étrangère et aux premières victoires de la guerre, le régime nazi s’assure le soutien de la population allemande. Le développement de structures de pouvoir totalitaires et l’attitude de la population, qui oscille entre conformisme, consentement et participation active, réduisent également les possibilités de résistance au sein même de la société.
Dans ces conditions, la résistance reste extrêmement fragmentée et isolée en Allemagne, entre 1933 et 1945. Malgré une répression sévère, c’est principalement au sein du mouvement ouvrier que se développent en premier des activités de résistance clandestine, telles que l’impression et la distribution de tracts antinazis. De nombreux opposants aux nazis choisissent l’exil, d’où ils tentent de soutenir les opposants en Allemagne et de sensibiliser la population et les autorités de leur pays d’accueil sur la dangerosité d’Hitler et de l’Allemagne nazie. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la méfiance à l’égard du régime augmente dans certains milieux, surtout après les premières défaites militaires allemandes, la situation de plus en plus difficile en matière d’approvisionnement, la circulation d’informations sur la brutalité de la guerre mené par l’Allemagne nazie à l’Est, y compris contre les civils, et de l’assassinat systématique des Juifs. Au sein de l’armée, certains commencent à réfléchir à des moyens d’arrêter Hitler, ce qui aboutit à un complot visant à l’assassiner, à prendre le contrôle du gouvernement et à entamer des négociations de paix avec les Alliés. Le complot implique des officiers de haut rang et rassemble un réseau de plusieurs centaines de personnes, dont d’anciens politiciens des partis conservateur et social-démocrate. Cependant, la tentative d’assassinat contre Hitler le 20 juillet 1944 échoue et de nombreuses personnes impliquées sont arrêtées et exécutées. Ce fut l’une des rares tentatives de résistance armée contre le régime nazi en Allemagne. En général, au sein du pays, les groupes ou les particuliers sont plus actifs dans le domaine de la résistance civile, par exemple en essayant de diffuser de l’information sur les réalités du régime nazi, ou en essayant d’aider les Juifs ou d’autres personnes persécutées.
La mémoire de la résistance en Bosnie-Herzégovine, en Croatie, en France et en Allemagne
Comment l’histoire de la résistance a-t-elle été transmise après 1945 ? Ici aussi, en Bosnie-Herzégovine, en Croatie, en France et en Allemagne on retrouve des situations et des développements différents mais également des similitudes.
En France et en Yougoslavie, la référence à la résistance devient le récit dominant après 1945, jusqu’à ce que la situation change radicalement en Yougoslavie dans les années 1990. Avec la montée des nationalismes, l’éclatement violent de la Yougoslavie et la création de nouveaux États, l’héritage des Partisans est brutalement rejeté, tombe dans l’oubli, ou est réinterprété dans une perspective nationaliste, le dépouillant de sa dimnesion multinationale et communiste. Au même moment, en France, la référence à la résistance interne reste un élément constitutif de l’autodéfinition historique du pays, même si elle évolue considérablement : dans les années 1970 et 1980, par exemple, le thème de la collaboration est davantage mis en avant et le récit glorifiant de la résistance de plus en plus remis en question.
L’Allemagne représente un mélange intéressant de ces deux évolutions ainsi qu’un cas particulier : d’une part, en Allemagne de l’Est, la référence à la résistance (communiste) devient un pilier fondamental après 1945, ce qui change radicalement avec la dissolution de la RDA et la (ré)unification allemande en 1990. D’autre part, en Allemagne de l’Ouest, la résistance au nazisme est, au cours des premières décennies qui suivent 1945, un sujet contesté et controversé, avant de devenir plus généralement accepté et vu d’une manière positive.
Plaque commémorative sur la place du Souvenir et de la Résistance dans la ville française de Colombes. (Chabe01, CC BY-SA 4.0 <https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0>, via Wikimedia Commons)