« L’action du jardin botanique » : La première action de guérilla importante à Zagreb
Slavko Komar (Gospić, 1918 - Zagreb, 2012), un combattant de la guerre de libération qui a reçu le titre “Héros du Peuple” en Yougoslavie. Il était membre du mouvement étudiant antifasciste à l'université de Zagreb. Délégué au ZAVNOH (Conseil d'État antifasciste pour la libération nationale de la Croatie) et à l'AVNOJ (Conseil antifasciste de libération nationale de Yougoslavie) pendant la guerre. Après la guerre, il a exercé de hautes fonctions politiques, étatiques et diplomatiques. (Documenta, Zagreb)
Slavko Komar (Gospić, 1918 - Zagreb, 2012), un combattant de la guerre de libération qui a reçu le titre “Héros du Peuple” en Yougoslavie. Il était membre du mouvement étudiant antifasciste à l'université de Zagreb. Délégué au ZAVNOH (Conseil d'État antifasciste pour la libération nationale de la Croatie) et à l'AVNOJ (Conseil antifasciste de libération nationale de Yougoslavie) pendant la guerre. Après la guerre, il a exercé de hautes fonctions politiques, étatiques et diplomatiques. (Documenta, Zagreb)
Announcement of the Ministry of the Interior of the NDH from August 4, 1941, about the execution of four participants of the attack on the guard of the Ustasha University Battalion and of 98 Jews and communists as "intellectual originators of that attack". © Croatian History Museum / HPM-MRNH-T-10749.
Announcement of the Ministry of the Interior of the NDH from August 4, 1941, about the execution of four participants of the attack on the guard of the Ustasha University Battalion and of 98 Jews and communists as "intellectual originators of that attack". © Croatian History Museum / HPM-MRNH-T-10749
Le 4 août 1941, vers midi, dans la rue Runjaninova à Zagreb, juste à côté du jardin botanique de la ville, des explosions de bombes retentissent. Les autorités oustachies décrètent immédiatement un couvre-feu et ferment toutes les routes du centre de la ville. Il s’agit de la première attaque armée d’envergure contre les troupes oustachies à Zagreb. Avant même cette action, les « illégaux » de Zagreb avaient organisé diverses actions subversives, mais le plus souvent à la périphérie de la ville et jamais avec une telle virulence, au centre de la ville et en pleine journée.
L’action a été organisée par le comité local du parti communiste de Croatie. Elle était censée être une réponse aux autorités oustachies, après l’échec de l’évasion des détenus de la prison de Kerestinec, près de Zagreb, qui s’est terminée de manière tragique pour les communistes, les Serbes et les Juifs qui y étaient emprisonnés.
Malgré les arrestations après l’établissement du régime oustachi en avril 1941, le mouvement communiste clandestin de Zagreb n’avait pas été détruit. En ce jour du 4 août 1941, l’attaque est menée à coups de bombes et de revolvers contre la garde du bataillon universitaire oustachi qui quittait le dortoir des étudiants de la rue Runjinova. Le groupe de sabotage est composé de 12 étudiants et travailleurs, membres de la résistance antifasciste clandestine de Zagreb, et est dirigé par l’étudiant Slavko Komar. Ils lancent des bombes, mais doivent battre en retraite face aux tirs des mitrailleuses oustachies depuis le jardin botanique. 28 membres du bataillon universitaire oustachi sont blessés au cours de l’action.
Les représailles des autorités Oustacha sont extrêmement cruelles. Tous les participants à l’action qui sont arrêtés sont condamnés à mort. Le verdict est exécuté le jour même. Quatre-vingt-dix-huit autres Juifs et communistes sont condamnés à mort en tant que « complices et initiateurs intellectuels de cette attaque ».
Cette action d’envergure est également rapportée par Radio-Moscou, qui déclare que 305 personnes ont été fusillées en représailles.
Pendant la période socialiste, une plaque commémorant cette action est placée dans la rue Runjaninova, avec l’inscription suivante:
Le 4 août 1941, au milieu de la journée, un groupe de jeunes recrutés par le KPJ a attaqué à la bombe une compagnie d’étudiants oustachis. À cette occasion, 28 fascistes et traîtres ont été tués et blessés. À l’occasion du congrès du SKOJ (Ligue de la jeunesse socialiste de Yougoslavie), le comité local du SKOJ de Zagreb a posé cette plaque ». Dans les années 1990, après la dissolution de la Yougoslavie socialiste, les nouvelles autorités gouvernementales tentent – heureusement en vain – de retirer la plaque en expliquant que des lycéens « innocents » avaient été blessés au cours de l’action.
Nataša Mataušić