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Le sacrifice d’un père

Serge Klarsfeld a huit ans lorsque la Gestapo organise une rafle dans l’immeuble niçois où il vit avec sa famille. Son père Arno avait préalablement aménagé une cachette dans un placard de leur appartement, dans laquelle Serge, sa sœur Georgette et leur mère Raissa se rendent immédiatement rendus ; lorsque la Gestapo entre dans l’appartement et demande où se trouve sa famille, Arno répond qu’ils ont quitté Nice parce que l’appartement avait été désinfecté. La Gestapo l’emmène à l’hôtel Excelsior, transformé en camp de transit pour les Juifs arrêtés. Grâce à l’action de son père, Serge a pu échapper à la Shoah. Son père, lui, n’a pas survécu. Il a été déporté à Auschwitz et y est mort neuf mois plus tard, à l’été 1944.
Plus tard dans sa vie, Serge Klarsfeld a retrouvé en Syrie l’Allemand qui avait organisé la rafle de Nice, Alois Brunner, mais n’a pas réussi à le faire extrader. Avec sa femme Beate, née Küntzel en 1939, ils ont réussi à dénoncer de nombreux Allemands responsables de la Shoah, ainsi que de nombreux Français partisans du régime de Vichy qui avaient partciipé à la déportation des Juifs. Beate devient mondialement célèbre lorsqu’elle gifle le chancelier allemand Kurt Georg Kiesinger en novembre 1968. Elle voulait attirer l’attention sur son rôle dans le régime nazi, où il avait travaillé comme propagandiste. Beate Klarsfeld n’est pas née pour lutter contre l’antisémitisme. Elle a grandi en Allemagne et ce n’est que lors d’un séjour à Paris comme fille au pair, pendant lequel elle rencontre Serge, qu’elle décide de s’intéresser au passé nazi de son pays.
Le couple n’est pas frileux dans le choix de ses méthodes. Ainsi, en 1971, ils tentent d’enlever l’ancien chef de la Gestapo et fonctionnaire SS Kurt Lischka à son domicile de Cologne. L’objectif était de l’amener devant un tribunal français afin qu’il soit jugé pour son rôle dans les déportations des Juifs depuis la France. La tentative échoue, mais conduit finalement à une modification de la loi en Allemagne qui permet de juger et condamner Lischka devant un tribunal allemand..
La gifle du chancelier allemand est d’abord soutenue par la RDA, mais celle-ci se rebiffe lorsque les Klarsfeld commencent à protester contre l’antisémitisme, le stalinisme et le soutien au Front de libération de la Palestine dans les pays du bloc de l’Est. Pour les Klarsfeld, la lutte contre l’antisémitisme n’est pas seulement une lutte contre les nazis, mais aussi contre la gauche radicale : “Pour lutter contre l’antisémitisme, il faut se mobiliser contre les extrêmes qui (…) ont toujours apporté la misère et les barbelés. D’un côté le Goulag, de l’autre Auschwitz”, disent-ils en 2019.
Dans ses mémoires, Serge Klarsfeld écrit : “Cette nuit de la rafle [à Nice en 1943] est restée pour le reste de ma vie une référence qui a forgé mon identité juive et mon attachement indéfectible à l’État d’Israël.” Au sujet de son père Arno, il dit : “Il m’a donné la vie, a sacrifié sa vie pour la mienne et a donné un sens à ma vie” Lorsque Beate donne naissance à un garçon en 1965, le couple décide de l’appeler Arno. [in Nice in 1943]

 

Robert Parzer

Sources/Pour en savoir plus
Video

Auschwitz, 75 years on: Nazi hunters Beate and Serge Klarsfeld speak to FRANCE 24”, France 24 English:

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